Saint Bonaventure

Saint Bonaventure frère mineur, docteur de l’Eglise
saint patron de la province des Capucins de France

Retrouvez trois catéchèses de Benoît XVI sur saint Bonaventure :
Avec saint Bonaventure, entrer dans la joie de Dieu ! (3 mars 2010)
Itinéraire de l’âme vers DIeu. (10 mars 2010)
Saint Bonaventure et saint Thomas d’Aquin : deux approches. (17 mars 2010)

Jean de Fidanza prend le nom de frère Bonaventure lorsqu’il entre dans l’Ordre des frères mineurs en 1243. Ce prénom lui fut inspiré d’un épisode de son enfance : malade, sa mère le confia à l’intercession de saint François d’Assise et le jeune Jean fut guéri. Plus tard, Bonaventure reconnaîtra sa «dette» à l’égard du saint d’Assise. Arrivés à Paris en 1217, les frères mineurs se développent et attirent des savants dont le plus célèbre est Alexandre de Halès, entré dans l’ordre en 1236 et qui passait pour la plus grande autorité de l’Université de Paris. A cette école, Bonaventure devient rapidement un esprit remarqué. « Ce que saint François n’avait fait que sentir et vivre, saint Bonaventure allait le penser ; grâce à la puissance organisatrice de son génie, les effusions intérieures du Poverello allaient se développer en concepts ; les intuitions personnelles de cette âme si détachée de toute science allaient travailler comme un levain la masse des idées philosophiques accumulées à l’Université de Paris ». Avec cette remarque, Etienne Gilson constate l’influence décisive de Bonaventure sur la pensée des frères mineurs des générations suivantes.

Au moment de son élection comme ministre général, le 2 février 1257, frère Bonaventure met la dernière main à son bref traité de théologie, le Breviloquium. Etudiant en théologie à Paris entre 1243 et 1248 puis bachelier biblique de 1248 à 1250, Bonaventure « lit » les Sentences comme bachelier sententiaire de 1250 à 1252. Sa première grande synthèse théologique s’exprime donc dans son Commentaire des Sentences, à la manière de Pierre Lombard, au XIIè siècle. Il s’agit d’un recueil personnel de citations bibliques, patristiques et magistrales, permettant de regrouper en quatre livres, de manière cohérente, les problèmes théologiques et de discuter les solutions admises.

Bonaventure, un homme de méthode ?

Afin de répondre à la demande d’étudiants, futurs maîtres franciscains, en manque de synthèse brève et utilisable, Bonaventure achève ensuite, en 1257, l’écriture du Breviloquium, sorte de manuel de fin d’études leur permettant d’enseigner la théologie dans d’autres couvents. Ce traité aura rapidement un grand succès et une diffusion importante. « Prié par les frères de dire, avec notre pauvre petite sciencequelque chose de bref, dans une somme, sur la vérité de la théologie, et cédant à leurs prières, j’ai consenti à écrire un Breviloquium, dans lequel j’ai traité brièvement, non pas toutes les vérités à croire, mais seulement les plus utiles, y ajoutant quelques explications selon les circonstances » (B. Prologue, 6). Ne cherchant pas à présenter la complexité des doctrines, ce traité vise à offrir à la mémoire une vue générale des « vérités à croire », au moyen d’une approche concise, structurée et cohérente de la Révélation chrétienne, permettant à l’étudiant d’« acquérir une vision de l’universalité des choses ». Bonaventure est un homme de synthèse : « ce que les autres maîtres détaillent, analysent, discutent et scrutent avec plaisir (…) il prend (lui) le mystère selon une autre dimension : il s’efforce de ressaisir les grandes harmonies, ces intentions de la Sagesse créatrice et rédemptrice selon lesquelles se sont déployés et se déploient le monde et son foisonnement, avec, en son cœur, l’homme : l’homme et son histoire, son drame, où Dieu est entré pour le ramener à Lui. Ce sont les lignes de force de ce dynamisme divin que Bonaventure tient avant tout à rechercher, à déceler, pour s’en émerveiller. »

Faire de la théologie avec Bonaventure ?

« Je fléchis les genoux devant le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de qui toute paternité au ciel et sur la terre tire son nom. Qu’il vous accorde, selon les richesses de sa gloire, la puissance d’être fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur, que le Christ habite en vos cœurs par la foi, enracinés et fondés dans la charité, il vous sera alors possible de comprendre avec tous les saints, ce qu’est la Largeur, la Longueur, la Hauteur et la Profondeur, de connaître la charité du Christ qui surpasse la connaissance et ainsi vous serez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu. » (Eph 3, 14-19)  Ce passage de la Lettre aux Ephésiens, cité en exergue du traité, nous renseigne sur la manière bonaventurienne de commencer en « théologie » : il convient de prier et de reconnaître qu’un Autre nous précède. L’attitude de « fléchir les genoux de notre cœur » (B. Prologue, 5) afin de toucher la terre en signe d’humilité, rend possible et fructueux le travail de la connaissance. Faire de la théologie, pour Bonaventure, suppose d’unir « l’onction à la lecture, la dévotion à la spéculation, l’admiration à la recherche, l’enthousiasme à l’attention, la piété au travail, l’humilité à l’intelligence ». Ainsi il n’y a pas de recherche intellectuelle sans itinéraire spirituel : l’une et l’autre croissent de concert en s’illuminant réciproquement. « La connaissance de Dieu selon la piété en quoi consiste la sagesse est une prière suppliante et reconnaissante en même temps qu’une connaissance priante, car nous savons que d’elle dépend notre propre salut. Est-il étonnant qu’elle paraisse chargée de foi autant que de crainte, d’humilité autant que d’espérance et que l’amour en soit comme le lien substantiel ? » La charité occupe une place singulière dans le processus de connaissance que Bonaventure met en place : elle a un caractère unique remarqué par Yves-Marie Congar qui écrivait, à propos de la signification de la « théologie » chez Bonaventure : « Plutôt qu’une expression de la foi dans la raison, la lumière révélée dans l’intellect humain, elle est une réintégration progressive de l’homme intelligent et de tout l’univers connu de lui dans l’unité de Dieu, par l’amour et pour l’amour ».

Saint Bonaventure, docteur de la charité

La théologie « affective » de Bonaventure insiste, tout au long du Breviloquium, sur les relations personnelles qui se tissent entre la Trinité de Dieu et l’homme. Ceci transparaît clairement avec la référence de la Lettre aux Ephésiens : l’homme, né de Dieu, fortifié par l’Esprit, est appelé prendre le chemin de la béatitude, par le Christ et dans le Christ, pour la vie sans fin. « Connaître la charité du Christ » uni au Père et à l’Esprit apparaît le cœur de l’existence du chrétien et peut être ainsi exprimé : « La Trinité exprime le bienheureux mystère de Dieu et, par grâce, la vocation de l’homme appelé à vivre à l’intérieur de cet Amour. La charité s’enfonce en ce mystère dont rien ne décrit le périmètre. » Une pensée renouvelée de la charité ne sera possible que si la théologie est réellement inspirée par la vie trinitaire de Dieu. Particulièrement, une approche attentive de la personne de l’Esprit Saint, dans sa relation au Père et au Fils, comme dans son inhabitation en l’homme, éclairera de manière féconde la charité dans son déploiement créateur.

Saint Patron de la province des Capucins de France

Lorsque le province de France a été érigée en 2003, la figure de saint Bonaventure s’est imposée pour deux raisons : la vie de Bonaventure est liée à la France, et plus particulièrement Paris; également, les frères Capucins ont toujours été attachés à l’enseignement de Bonaventure, auteur spirituel et théologien. Ses écrits témoignent d’une unification intérieure chère aux frères et qu’ils ont apprécié prêcher.

Fr. Eric Bidot, ofm cap

Saint Bonaventure de Bagnorea (1221-1274), frère mineur, a eu un rôle déterminant dans le développement de l’intuition spirituelle de saint François d’Assise.

Voir des présentations et la présentation de ses oeuvres.