Qui sont les Capucins ?
Les mains des Capucins au soir de Noël.
Saint François voulut-il créer un Ordre religieux ? Rien n’est moins sûr car l’aventure spirituelle fut d’abord personnelle, prônant l’attachement à la personne du Christ et un retour à la radicalité de l’Evangile par la pauvreté. L’un des effets inattendus de ses prédications fut d’attirer des jeunes gens : « Le Seigneur me donna des frères » écrira-t-il dans son Testament. La liberté spontanée qui était la sienne ne pouvait continuer à se vivre ainsi avec l’arrivée de Bernard, Pierre, Gilles …
L’époque était marquée par de nombreuses hérésies et bientôt, François et ses compagnons partirent pour Rome. En 1209, ils obtinrent la reconnaissance du pape Innocent III : quelques mots bien simples feront office de règle : « Le Très-Haut me révéla que je devais vivre selon la forme du Saint Evangile ». Une dizaine d’années plus tard, un chapitre réunira quelques 5000 frères ! Ils seront 40 000 en 1282.
Les premières années de l’ordre franciscain
Après la mort de saint François en 1226, commence une période de consolidation. Apparaissent progressivement deux tendances : les « spirituels » font le choix d’une fidélité radicale à la vie et aux premiers écrits du saint fondateur, gardant à la pauvreté et à la prière leurs places centrales ; d’autres, les frères de la « communauté », considèrent que les demandes de l’Eglise en apostolat et en présence dans les villes justifient quelques adaptations de la lettre, tout en conservant l’esprit.
Aux XIVè et XVè siècles, de nombreux groupes réformateurs voient le jour. L’objectif est le même, à sa voir restaurer l’Ordre dans son observance primitive, par une intensification de l’oraison, de la solitude et de l’austérité en donnant la préférence aux couvents pauvres et écartés.
La réforme capucine
En pleine Renaissance humaniste et païenne, l’Eglise souffre d’une crise morale et spirituelle. Elle est remise en question par la réforme luthérienne. Dans ce contexte naît la réforme capucine. Des frères demandent au pape l’autorisation de revenir à l’idéal primitif de saint François : austérité et simplicité, solitude et contemplation, proximité des plus pauvres sont les traits principaux de leur mouvement. Ils se donnent d’abord le nom de « frères de la vie érémitique » mais c’est sous l’appellation populaire de « Capucins » que l’Ordre se fait connaître, à cause du capuchon porté sur l’habit religieux. En 1528, le pape Clément VII approuve la nouvelle réforme. Les capucins franchissent les Alpes en 1574 et s’implantent dans toute l’Europe. Ils sont accueillis à Clermont en 1609. La charité à l’égard des petits, la joie humble et la vie d’oraison assurent bien vite la popularité des frères.
En France, l’essor des capucins va de pair avec la mise en œuvre des décisions du concile de Trente et à leur rôle dans les épidémies de peste. Il coïncide également avec le renouveau spirituel du XVIIè siècle. Un capucin, Benoît de Canfield, est associé au noms de François de Sales et de Madame Acarie, initiateurs de ce qui sera appelé plus tard « l’école française de spiritualité ». Des noms de frères appartiennent aussi à l’histoire officielle de France : Ange de Joyeuse, maréchal de France ; Joseph du Tremblay, plus connu sous le nom d’« éminence grise » de Richelieu …
Plus récemment
Petit à petit, le siècle des Lumières entame le rayonnement de l’ordre et la Révolution conduira de nombreux frères à quitter la vie religieuse ou à trouver refuge au-delà des frontières. Durant le XIXè siècle, les frères jouent un rôle important dans le mouvement social ; ainsi, Ludovic de Besse, promoteur du mutualisme et fondateur d’associations entre patrons et ouvriers chrétiens. A la fin de ce siècle, le pape Léon XIII unit en un seul Ordre de « frères mineurs » (ou franciscains) les différentes obédiences franciscaines (Observants, Récollets, Cordeliers, Alcantarins …), laissant indépendants les Conventuels et les Capucins.
A partir des années 1960, en France, la vie des frères connaît une profonde mutation dans sa forme extérieure. Parmi les évolutions, citons le renouveau des ermitages ainsi que la création des « petites fraternités » se caractérisant par un domicile loué, un travail salarié comme moyen de subsistance et une proximité avec les démunis.
Il est délicat de définir aujourd’hui un frère mineur capucin par ses actions, tant elles sont diverses : l’accompagnement spirituel, la célébration des sacrements, l’engagement associatif au service des pauvres et du dialogue entre les religions … Ce n’est pas une fonction qui définit la voie franciscaine capucine. Au-delà des formes de l’engagement sur lesquelles les questionnements ne manquent pas, l’essentiel n’est-il pas de reconnaître en chacun le même élan évangélique et le désir de conversion ! Dans la prière, une vie simple et fraternelle, le frère apprend à s’imprégner de l’Evangile et à se conduire en disciple de Jésus pour l’annoncer par l’attitude et la parole.
Plus de 10 000 frères Capucins sont présents aujourd’hui dans une centaine de pays. Les échanges entre eux se multiplient (séjours de formation, missions pluriannuelles, apprentissages des langues …) favorisant ainsi la découverte mutuelle de la vie franciscaine en différents lieux.
Le saviez-vous ? D’où vient la boissone le Cappuccino ?