Fresque de Notre-Dame des Anges (chapelle de Clermont)

Assomptionweb1Assomption de la Vierge Marie ou Notre-Dame des Anges
au-dessus du portail d’entrée de la chapelle réalisée par Paolo Orlando en 2008 pour la chapelle des Capucins (Clermont-Fd)

« Lève-toi mon amie, viens ma toute belle. Car voici que l’hiver est passé, la saison des pluies est finie, elle s’en est allée. Lève-toi, mon amie, viens ma toute belle ! » (Ct 2, 10-12). Accourant à son appel, la Vierge murmure : « Mon bien-aimé est à moi, et moi je suis à lui » (Ct 2, 16). Elle entre dans la Cité Sainte et se prosterne devant son Fils et son Dieu. Le Roi des Rois vient à sa rencontre et lui tend son bras ; tel l’Epoux introduisant son Epouse dans sa demeure, ensemble ils s’avancent.

Un murmure d’admiration parcourt l’assemblée des Anges et des Saints. Intrigués ils se demandent : « Qui est celle-ci qui monte du désert, appuyée sur son bien-aimé ? » (Ct 8, 5). Mais « quand ils entendirent la salutation de Marie », ils tressaillirent de bonheur et « s’écrièrent d’une voix forte : “Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles, notre Roi de gloire, est béni. Comment avons-nous ce bonheur que la mère du Roi des Rois et du Seigneur des Seigneurs vienne jusqu’à nous ? Car lorsque nous avons entendu tes paroles de salutation, l’Esprit Saint a tressailli d’allégresse au-dedans de nous” ».

L’éclat de la Beauté de la Vierge rejaillit sur tous les habitants des cieux qui lui font une haie d’honneur en proclamant : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ! » Et tous dans le Temple s’écrient : « Amen ! Amen ! ». Oui les cieux sont tout illuminés en ce jour où la Lumière divine peut pleinement se refléter sur le pur miroir de l’humanité très Sainte de la Vierge immaculée, Mère du Très-Haut, que Celui-ci couronne de gloire inégalée.

Bien sûr, c’est au ciel que se passe cette fête ; mais comment n’y participerions-nous pas ? N’est-elle pas des nôtres celle qui monte en gloire, portée par les Anges ? N’est-elle pas une enfant de la terre, cette jeune fille qui a accueilli le Germe divin tombé du ciel ? N’est-elle pas notre Mère celle que Jésus nous a laissé en héritage du haut de la Croix ? Oui, vraiment, elle est nôtre. Il est dès lors juste et bon que nous soyons pleinement associés à la joie des habitants des cieux, et que descende sur nous une rosée de grâces proportionnée à notre statut de pèlerins.

Quelques considérations sur Marie élevée au ciel et couronnée :

Le Christ Roi couronne la Vierge Reine du ciel. La dévotion au couronnement de la Vierge remonte aux premiers chrétiens lorsque saint Ephrem et saint Grégoire de Naziance découvrent dans certains passages de la Bible les « suites » de la résurrection : ainsi, dans le premier Livre des Rois (2, 19) : après que Salomon eut été couronné roi des Israélites, sa mère, Bethsabée, vient lui demander une faveur : «  … et le roi se leva à sa rencontre et se prosterna devant elle, ouis il s’assit sur son trône, on mit un siège pour la mère du roi et elle s’assit à sa droite ».
« Couronnement » ? Mère du Fils de Dieu, les chrétiens ont très vite affirmé que, immédiatement après sa mort, Marie a été associée à la résurrection de son Fils : « elle fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, exaltée par le Seigneur comme Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils » (Lumen Gentium). A l’origine de l’image de la Vierge couronnée, il y a la femme couronnée d’étoiles de l’Apocalypse (chap.12) et la Légende dorée de Jacques de Voragine dans laquelle Marie est invitée à s’asseoir sur le trône de gloire à la droite de son Fils. Le don de la vie éternelle accordée à Marie est source d’espérance pour tout ceux qui mettent leur foi dans le Christ.
Le trône a pour fonction universelle d’être le support de la gloire humaine ou divine. Il symbolise la présence, même vide. Dans le monde gréco-romain, sur le trône vide, était disposé un coussin sur lequel étaient placés les insignes du règne. Le coussin de couleur pourpre est l’insigne du Roi.
L’Apocalypse de saint Jean fait appel plusieurs fois à une liturgique céleste du trône (4, 9-11):  « Chaque fois que les Vivants rendent gloire, honneur et action de grâce à celui qui siège sur le Trône, à celui qui vit pour les siècles des siècles, les vingt-quatre Anciens tombent à genoux devant celui qui siège sur le Trône, et ils adorent celui qui vit pour les siècles des siècles ; ils jettent leur couronne devant le Trône en disant : ‘Notre Seigneur et notre Dieu, tu es digne de recevoir gloire, honneur et puissance puisque c’est toi qui as créé toutes choses : par ta volonté elles existent et elles ont été créées.’ » Et en 5, 6 : « Et voici ce que j’ai vu encore : en face du Trône, en face des quatre Vivants et des Anciens, il y avait un Agneau ; il se tenait debout, et il était comme immolé. »

La fresque du couvent des Capucins :

Plusieurs éléments sont à noter : la voûte céleste, les anges, le trône avec un coussin, Jésus et Marie. L’arc étoilé et les deux anges peuvent nous soustraire à la précarité d’un moment seulement occasionnel. Ils introduisent une autre dimension. L’intimité est visible. Les pieds côtes à côtes voir enchevêtrés.

Une citation du Cantique des Cantiques a été placée sous le trône : « Lève-toi mon amie, viens ma toute belle » (Ct 2, 12). Les exégètes chrétiens ont établi très vite une relation entre le couronnement de la Vierge et l’union mystique célébrée dans le Cantique des Cantiques de Salomon. « Lève-toi mon amie, viens ma toute belle. » Tout le désir que Dieu a de l’homme est dans ce pressant appel. Les deux verbes « lever » et « venir » peuvent laisser croire à un ton qui implore. Amour et beauté sont exprimés. L’initiative de l’amour et de la beauté est divine mais ne s’impose pas. A quoi le Bien-Aimé invite-t-il de façon pressante ? dans le Cantique, il s’agit de célébrer le printemps, la Vie offerte à nouveau.
La main gauche de Marie et la main droite de Jésus ne se tiennent pas, ne se saisissent pas, mais se cherchent. De l’autre main, chacun se repose sur l’autre. Aucune saisie, du repos en l’autre, confiant, tendre.
L’intérêt de la fresque est de raviver le désir du ciel et celui d’être sauvé. Marie a répondu à Dieu en s’offrant et en se consacrant totalement à lui. En même temps la réponse de Marie est ce que Dieu a demandé et offert à tout homme.
L’homme peut refuser de correspondre à l’amour. De fait les hommes ont exprimé leur refus en choisissant l’autosuffisance et la mort. Mais Dieu, sans nullement abandonner un instant sa créature a continué à frapper au cœur de tout hommes. Et Marie de Nazareth a répondu. La relation entre l’éternité et le temps s’est établie dans un geste de liberté (qui aurait pu ne pas être). Notre temps  et  notre espace appartiennent à Dieu, mais ils ne sont pas Dieu ; ils nous appartiennent comme un don de sa  volonté, et par l’offrande de notre volonté .
L’offrande et la consécration (de la part de Marie, première de tous) est possible seulement comme conséquence d’un nouveau don renouvelé. La relation entre l’éternité et le temps entre l’immensité et le temple vient de la prédilection ou de la préférence manifestée à quelqu’un  parmi les hommes.

Le ciel donc s’ouvre sur la terre, pour accueillir Marie (et pour accueillir toute l’humanité en même temps qu’elle), puisque en embrassant Marie, Dieu nous prend nous aussi dans ses bras. En face de la prédilection, il y la complète liberté de l’homme. Dieu demande le consentement de Marie. Les anges, toutes les puissances du ciel, toutes les réalités créées se penchent  sur un minuscule village de Galilée, Nazareth. Dans un minuscule moment du temps. En retenant leur le souffle … Marie a accueilli le Fils de Dieu dans sa chair (Annonciation). Ici, c’est le Fils qui embrasse la Mère. Il s’agit de l’admirable échange.

Il s’agit également d’un mariage. Sur le même trône, non pas en face l’un de l’autre. Non pas égaux, mais unis. L’Assomption comporte le couronnement qui est un rite de mariage cf couronne dans le rite oriental). Les mots « couronnement » et « épousailles » sont identiques en grec : stephanosis. «Comme un jeune homme épouse une vierge, ainsi t’épousera  ton  créateur ;  comme  se réjouit l’époux pour son épouse ainsi ton Dieu se réjouira pour toi.» (Is. 62,5) « Sa main gauche est sous ma  tête et sa droite m’embrasse » Ct. 2,6 )
La Vierge Marie, la Vierge de grâce, pleine de grâce (Lc. 1,28), par l’œuvre du Saint Esprit, remplie de ses dons, est comme telle vraie Eglise de Dieu. Par le « oui » de Marie, Dieu, en son Fils, s’est fait connaître pour inviter tous les hommes à entrer dans la nouvelle Alliance.

Aujourd’hui, Marie, auprès du Christ Rédempteur, reste la servante du Seigneur. Elle intercède auprès de son Fils pour chacun de nous. Marie est modèle de sainteté, d’obéissance et de foi pour tous les chrétiens. Elle est « étoile de l’espérance ».

Souvenons-nous que l’amour vrai est désintéressé ; il se réjouit pour le bonheur de l’autre, sans rien attendre en retour. Réjouissons-nous donc gratuitement pour la joie de Marie, qui retrouve à la fois son Fils, son Seigneur, son Epoux et son Dieu.

Réjouissons-nous aussi de la gloire de notre Mère des cieux que notre Seigneur intronise à sa droite, la couronnant Reine du ciel et de la terre, tandis que les chœurs des Anges entonnent le chant du Psaume : « Ecoute ma fille, regarde et tend l’oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père : le roi sera séduit par ta beauté. Il est ton Seigneur, prosterne-toi devant lui. Fille de roi, elle est là dans sa gloire, vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit toute parée vers le roi. » (Ps 45[44] 11-16).

Toute ta grandeur, ô Marie, est de t’être pleinement ouverte au don de Dieu sans jamais t’en exalter, car tu avais compris mieux que personne que « Dieu est grand dans les grandes choses, immense dans les toutes petites » (St Augustin) ; c’est pourquoi tu t’es faite la plus petite, laissant à Dieu le soin de t’élever auprès de lui, dans les hauteurs.

La Reine de l’univers, qui a reçu de son Seigneur tout pouvoir pour dispenser ses trésors de grâce, veille sur chacun de nous avec une maternelle sollicitude, afin que nous vivions dès à présent en fils de Roi, puisque nous le sommes.

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